C'est la pause hivernale ! Nous serons de retour au printemps.

Le maraîchage, un métier de funambule.

En agriculture biologique, un des enjeux principaux c’est de parvenir à cultiver nos légumes sans être envahis par les mauvaises herbes qui étoufferaient nos cultures. Surtout à la belle saison, elles poussent très vite, bien plus rapidement que nos légumes, ce qui en fait un travail de Sisyphe (bien que cela soit quand-même moins décourageant que le rangement de la chambre de nos enfants …).

 

 

En agriculture conventionnelle, c’est à dire celle qui utilise massivement des produits chimiques pour résoudre à moindre coût et (il faut bien le reconnaitre) efficacement toutes les difficultés rencontrées, c’est très simple, on met du désherbant dans le pulvérisateur à l’arrière du tracteur et hop on arrose généreusement les champs.

 

En bio, on s’interdit d’utiliser ces produits qui sont toxiques pour l’homme et l’environnement. Problème : les mauvaises herbes ont la fâcheuse manie de continuer à pousser malgré notre bonne volonté ce qui n’est pas très sympa de leur part mais passons. Plusieurs solutions s’offrent aux agriculteurs labellisés AB et aucune n’est parfaite, voici notre avis sur une petite sélection d’entre elles :
  • Une solution assez classique est d’utiliser des outils mécanisés de désherbage : on attelle des herses étrilles, des griffes derrière un tracteur et on passe le tout régulièrement sur les cultures pour enlever les mauvaises herbes. De nombreux outils existent aujourd’hui et donnent un résultat précis. Inconvénient pour nous : cela suppose d’utiliser à plusieurs reprises un tracteur avec des outils volumineux et coûteux en consommant du carburant, et qui finissent par tasser le sol ; Ce n’est pas comme ça que nous avons envie de travailler au quotidien.

 

 

  • On peut couvrir les cultures avec de la paille. C’est une solution que l’on aime bien car c’est naturel et assez joli de surcroît. Nous nous en servons pour pailler nos asperges et certaines planches de choux. Inconvénients : il nous faut acheter la paille à l’extérieur car nous n’en produisons pas, il faut la renouveler régulièrement, son épandage est manuel ce qui est assez long et pénible (les bottes font 200 kg et ça gratte !). Par ailleurs, la paille ne doit être utilisée qu’une fois qu’il fait assez chaud car il y a un plus grand risque de voir les cultures geler quand il fait froid en raison de ses propriétés isolantes. Enfin, produire de la paille nécessite aussi l’utilisation d’engins mécanisés qui fonctionnent avec des énergies fossiles.

 

  • Une autre option, qui est celle que nous privilégions à la ferme est d’utiliser des toiles en plastique qui sont épaisses et empêchent la pousse des mauvaises herbes. Nous en avons une « collection »  avec des trous qui ont été faits en fonction de l’espacement qui correspond à chaque culture. Le principal inconvénient de ces toiles tissées, qui est loin d’être négligeable, est d’être faites à partir de plastique (et ça c’est maaaaaal). En revanche, ces toiles sont solides et si on en prend soin, elles peuvent durer une quinzaine d’années (les nôtres ont maintenant 5 ans et elles sont encore en parfait état). Elles sont aussi très légères ce qui rend leur transport et leur installation beaucoup plus faciles et limite la pénibilité de ceux qui s’en chargent.
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Cette solution nous évite d’avoir à désherber de grandes surfaces de légumes. Un entretien est malgré tout indispensable car les plantes envahissantes trouvent toujours un moyen de se taper l’incrust’ au milieu de nos légumes !

Depuis que nous sommes devenus maraîchers, notre quotidien est donc fait de la recherche permanente d’un équilibre entre plusieurs objectifs :
– notre aspiration à travailler de manière écologique,
– éviter une explosion de notre temps de travail,
– que ce travail permette de récolter des légumes (on peut perdre une culture trop enherbée),
– et que nous puissions continuer ce beau métier de longues années en prenant soin aussi de notre santé.

Bref, un véritable exercice de funambule.