Bonjour les amis,
Si je vous dis maraîchage bio : Vous pensez à quoi ?
Planter des légumes, semer, désherber, pailler, se faire tout dévorer par des bestioles, récolter, commercialiser, écouter calmement ceux qui vous expliquent qu’on ne peut pas nourrir le monde sans produits chimiques … La routine en somme.
Il y a pourtant une autre activité qu’on n’envisage pas toujours d’emblée mais qui est précieuse dans une petite ferme qui se veut non mécanisée, économe en énergie tout en limitant la pénibilité pour ceux qui y travaillent : la conception et l’auto-construction d’outils, dit plus simplement la bricole !
Et chez nous, il y a quelqu’un qui s’y adonne avec un enthousiasme indéfectible.
La rédactrice de ces lignes l’a connu alors qu’il concevait et fabriquait des vélos dans sa petite cave parisienne pendant son temps libre. Faut dire qu’à l’époque, son métier consistait essentiellement à travailler assis devant un ordi et (pour ce qu’on a pu en voir) à parler de l’avancement des projets dont il avait la charge dans des réunions à distance avec un accent anglais discutable (tel un journaliste de Mediapart, on a un enregistrement audio pour le prouver !).
Pour tromper l’ennui, il tentait de montrer à ses collègues que fabriquer ses propres capsules Nespresso selon une technique développée par ses soins était bien plus écologique et ne prenait que très peu de temps. Je ne parle pas de Gaston Lagaffe mais de lui :
La bonne nouvelle c’est que devenu maraîcher, il peut maintenant laisser libre cours à sa créativité pour améliorer en permanence le fonctionnement de la ferme.
La preuve avec deux exemples récents.
1er exemple : La perforouleaucyclette®
Pour éviter d’avoir à désherber, nous utilisons des « toiles tissées » qui sont des bâches en plastiques épaisses comme ici avec nos tomates (oui le plastique c’est maaaaal, on est bien d’accord, on vous explique les raisons de ce choix dans cet article de notre blog).
Avant d’utiliser ces toiles, il nous faut les percer en fonction de l’espacement dont on a besoin et le faire proprement pour qu’elles restent durables. Le cutter est une option mais les bordures du trou ont tendance à s’effilocher, ce qui finit par abîmer la toile. C’est pourquoi nous préférons utiliser un outil appelé « thermoperfo » qui est une sorte de chalumeau avec plusieurs types d’embouts que l’on pose sur la toile et qui va faire des coupes nettes et soudées à chaud.
Le hic, c’est qu’une fois reçu, on s’est vite rendu compte que cet outil, en plus d’être bien cher pour ce que c’est, ne fonctionne pas aussi bien que sur la vidéo du fabricant.
Pour que les trous se fassent vite et bien, il faut opérer sur un sol plat, très tassé et être à l’abri du vent. En gros, il faudrait avoir une surface en sable de la taille de chacune de nos planches de culture (25 mètres de long) sous serre, ce qui est impossible faute de place.
D’où l’idée d’un système qui serait une sorte de tapis roulant peu encombrant et démontable que l’on pourrait installer dans notre hangar quand on en a besoin .
Pour Guillaume, tout commence toujours par un schéma griffonné sur un bout de papier :
Puis il attaque la fabrication dans son atelier :
Et enfin, c’est prêt, c’est l’heure du test et….ça fonctionne très bien. Ça va même trois fois plus vite qu’avant !
Deuxième exemple : La douchaserre®
Nos tunnels ont été installés début 2020 et depuis, la bâche qui les recouvre est devenue moins transparente sur le dessus : un peu de vert en raison de l’humidité, des traces de calcaire avec la pluie… Rien de grave mais cela diminue la luminosité dans la serre, ce qui peut nuire au bon développement des cultures. Cette année, c’était décidé, on les nettoyait.
Bon, mais comment on fait concrètement pour nettoyer le dessus d’un tunnel de 10 mètres de large et 3 mètres de haut ?
- Utiliser le Karcher : efficace (et sûrement assez marrant) mais risque d’abîmer la bâche.
- Grimper sur une échelle ou aller directement en haut : impossible ou dangereux.
Seule solution : fabriquer une éponge géante pour nos serres.
L’idée est la suivante : On place une personne de chaque côté d’un tunnel et chacune fait bouger l’éponge façon « tir à la corde » pour nettoyer le dessus et, petit plus, un tuyau d’arrosage est attaché à la dite éponge pour envoyer de l’eau.
Il a fallu plusieurs essais infructueux pour trouver LA bonne éponge : un vieux matelas (trop lourd une fois mouillé), un filet en corde (inefficace), un vieux voile thermique (trop lourd aussi).
C’est finalement Camille, qui travaille à la ferme depuis début mars, qui a trouvé la solution : utiliser un filet qui sert à protéger nos légumes des insectes (celui qu’on appelle dans le milieu le « filet à patate »). Et hop, une fois installé, nous avons pu nettoyer nos six tunnels relativement facilement.
Il a fait beau ces derniers jours et c’est une très bonne nouvelle car avec plus de lumière les légumes vont mieux pousser. Est-ce suffisant pour qu’ils soient prêts à être récoltés la semaine prochaine ? On croise les doigts !
A bientôt !
Magali & Guillaume.