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Le coup de coeur du libraire

Bonjour les amis,

Avec la période estivale, vous avez peut-être plus de temps pour lire, c’est pourquoi nous avons envie de vous parler d’une super BD sur… le remembrement agricole.

Avec un tel sujet, on est loin des quiz de plage sur les célébrités ou la culture générale qu’on trouve dans les magazines mais ça vaut vraiment le coup.

Vous connaissez peut-être déjà l’autrice de ce livre, c’est Inès Léraud qui a précédemment écrit la bande dessinée « les algues vertes : l’histoire interdite » qui a inspiré le film de Pierre Jolivet.

(Note de la rédactrice :  vous ne trouvez pas ça très énervant ceux qui font leur malin en disant « roman graphique » au lieu de BD tout ça pour qu’on sache bien que ce n’est pas « Boule & Bill » qu’ils sont en train de lire ?!) (C’est comme les flexitariens, encore un mot inutile et qui nous agace… bon on s’éloigne trop du sujet).

Cette fois-ci, Inès Léraud a enquêté plusieurs années sur le remembrement agricole décidé par l’État après la seconde guerre mondiale.

L’idée de départ de ce processus était de rationaliser les parcelles des paysans qui, pour des raisons d’héritage, étaient nombreuses, de petite taille et éloignées les unes des autres.

Il s’agissait de créer de grands terrains pour faire passer des gros tracteurs bien chers que la France avait promis d’acheter aux Américains (avec bien d’autres choses) en contrepartie de ce merveilleux plan Marshall.

Et puis pendant qu’on y était, on a arraché des haies, des vergers, détourné des rivières et rasé les talus parce que tout ça c’est bien joli mais très peu pratique pour s’endetter pour l’éternité se mécaniser.

En ce qui nous concerne, on en avait naturellement entendu parler, mais on était loin de savoir ce qui s’était vraiment passé.

On imaginait vaguement des réunions entre agriculteurs d’un même village autour d’une carte pour réfléchir ensemble à ce qui est le plus juste en termes de superficie et de qualité des terres pour faire des échanges à l’amiable. Une sorte de Tetris du foncier agricole autour d’un apéro.

Si Inès Léraud a passé plusieurs années à enquêter avec Léandre Mandard, agrégé d’histoire et doctorant au Centre d’histoire de Sciences-Po (CHSP), c’est qu’en réalité, c’est plus complexe que ça. Et surtout beaucoup moins harmonieux et consensuel que dans nos rêveries d’ignorants.

On ne voudrait pas trop vous en dire mais voici quelques informations glanées dans ce très bon livre qui, on l’espère, vous donneront envie d’en savoir plus :

  • Les paysans ne vivaient pas si mal à l’époque (les campagnes étaient pauvres certes mais pas misérables). Le problème c’est qu’ils étaient têtus et refusaient de s’endetter alors que nos gouvernants avaient promis aux Américains d’acheter leurs tracteurs ; Il a donc fallu passer la vitesse supérieure avec des lois autoritaires.
  • Le remembrement ne s’est pas fait dans la concertation contrairement au récit dominant. Il était imposé à tous les paysans d’un village dès lors qu’une poignée de propriétaires au sein de la commune y était favorable,
  • Les mouvements de contestation qui ont émergé ont été très violemment réprimés. Il y a eu des internements psychiatriques de paysans qui s’opposaient à la confiscation de leurs terres, de nombreuses vies ont été brisées.
  • Il y a clairement eu des gagnants, voire des profiteurs, et des familles lésées par les échanges qui se sont faits de manière autoritaire et parfois malhonnête.
  • La FNSEA, avec d’autres, a largement porté ce projet en se mettant (déjà) au service d’une catégorie particulière du secteur agricole en « cogestion » avec l’État.
  • La plupart des travers de ce changement et leurs conséquences sur notre environnement avaient été très bien identifiés par le monde paysan.
  • Un des fers de lance de ce projet a fini par s’excuser publiquement quand il s’est rendu compte avec consternation des effets délétères du remembrement.

C’est donc tout un pan de notre histoire qui avait été enfouie, négligée, présenté d’une manière incomplète et partiale que l’on peut redécouvrir grâce à cet ouvrage.

Malgré nos recherches, nous n’avons pas trouvé d’informations sur le remembrement autour de chez nous.

Par exemple, le terrain sur lequel est installée notre ferme fait 4 hectares pile-poil et le tracé rappelle celui des pays d’Afrique de l’Ouest. On a donc de bonnes raisons de penser que nous sommes installés sur une parcelle issue de cette belle époque…

En vous écrivant, on se disait : Est-ce qu’on ne serait pas en train de vivre un peu la même chose aujourd’hui avec les mégabassines ?

Mais si, vous savez, ces modernisations antiécologiques aux services de quelques-uns soutenus par la FNSEA et qui sont menées avec l’appui explicite du législateur (la loi Duplomb a encore assoupli la procédure) et des forces de l’ordre face à des contestataires que l’on diabolise entre deux mandales ?

Si cela vous a donné envie d’en savoir plus, vous trouverez facilement ce livre chez un libraire et il y a plusieurs podcasts qui en parlent sur Radio-France.

A bientôt.

Magali & Guillaume 💚