(Mais pas la qualité du titre de l’article…)
Lundi matin, Magali a participé à une réunion du groupement des agriculteurs bio du 76 organisée par l’association Bio en Normandie qui regroupe tous les producteurs bio de la région qui souhaitent y adhérer.
C’était l’occasion de se retrouver entre producteurs bio du (vaste) territoire qu’est la Seine-Maritime pour échanger sur des problématiques communes, créer des liens, s’organiser ensemble. Pas évident à priori car il y a quelques maraîchers mais aussi un producteur de cidre, des producteurs de patates, un éleveur de poulets, un paysan-boulanger, des éleveurs laitiers, une technicienne en culture de céréales anciennes…
Il y a pourtant un sujet qui a nourri nos échanges c’est la « crise de la bio ». La consommation globale baisse, des coopératives 100% bio vont licencier des salariés, des producteurs sont en grande difficulté. Mais pourquoi on en arrive là alors que les rapports alarmants s’accumulent ?
Alors oui le bio c’est plus cher et nous sommes en période d’inflation. C’est un fait. Les rendements sont moindres, il y a des pertes plus importantes. Et cela peut être un frein pour certains. Mais quand on achète un produit bio, on ne vous fait pas payer ensuite tous les coûts cachés de l’agriculture conventionnelle qui s’élèveraient à 54 milliards par an, rien que pour les coûts directs (on ne compte ni les cancers ni la pollution des océans).
Une autre raison c’est le succès du local mais qui n’est pas bio, et même pas du tout écologique. On vous l’a déjà écrit, nous pensons fermement que, certes le bio n’est pas parfait, mais que c’est quand même une garantie que n’offre pas l’agriculture conventionnelle même locale. Parce que même si c’est produit près de chez vous, si ce n’est pas bio, c’est la plupart du temps des engrais chimiques qui polluent NOS eaux, des pesticides qui tuent NOS insectes. En fait, c’est même pire puisque nous subissons directement les conséquences de ces pratiques. Exemple simple, toute la Seine-Maritime est « en zone vulnérable » c’est-à-dire que le niveau de pollution des eaux par les nitrates d’origine agricole (les engrais et les effluents d’élevage en gros) est très élevé. Voilà, là on est bien dans le local avec un 6ème plan d’action pluriannuel qui reste inefficace !
Il y aussi la complaisance de l’État qui soutient des labels qui se veulent concurrents du bio tout en étant beaucoup moins exigeants. Le meilleur, c’est quand-même Le HVE « Haute Valeur Environnementale ». La boite de comm’ qui a pondu ce nom n’y est pas allée de main morte. On pourrait croire que c’est plus exigeant que le bio. Ce n’est malheureusement pas le cas, il s’agit juste d’embrouiller les consommateurs car les pesticides même les plus toxiques pour la santé restent autorisés, de même que le glyphosate. Plusieurs associations ont d’ailleurs engagé une action en justice contre l’Etat qui porte ce label pour… tromperie.
Si on ajoute à cela un lobbying particulièrement efficace du principal syndicat agricole qui n’aime pas le bio, les autres labels de “green washing” de tout poil, la restauration collective qui ne joue pas le jeu de la loi Egalim (on mange encore des tomates en février à la cantine !), les produits bio douteux des supermarchés venus du bout du monde et emballés sous plastique qui discréditent le travail des autres producteurs, les temps sont durs pour certains, et la rédactrice de ces lignes un peu énervée devant ce constat :
Alors quand on vous dit ça, à vous qui nous lisez, on prêche des convaincus et il faut reconnaitre que pour nous, compte-tenu des difficultés des collègues, la vie est belle car vous êtes de plus en plus nombreux à venir à la ferme. On aimerait bien que tout le monde ait cette chance pour qu’une agriculture vraiment écologique se développe massivement.