Bonjour les amis,
Avec les beaux jours, arrivent les récoltes en abondance mais aussi les problèmes. La nature est riche en bestioles sans état d’âme qui, pour se nourrir sont prêtes à mettre en péril certaines de nos récoltes et parfois nos plantes elles-même.
Pour les maraîchers bio que nous sommes cela peut nous confronter à une question délicate : On fait quoi ?
Ne rien faire du tout et se dire que la nature est ainsi faite ou que c’est la volonté de Dieu, pourquoi pas.
C’est quand même moins facile à envisager quand on a acheté du matériel pour produire ces légumes et payé des gens pour faire le travail nécessaire. On ne va pas se mentir, le romantisme a ses limites. On n’a pas les moyens de renoncer à récolter le fruit (ou le légume) de notre travail.
Être pragmatique OK mais on n’en reste pas moins animé d’une volonté de ne pas polluer au seul prétexte qu’il nous faut gagner de l’argent. Sinon on ne serait pas là.
Nous voilà donc une nouvelle fois juchés sur notre fil de fer à 1 mètre du sol tels des funambules réalistes sur leurs compétences.
Exemple avec les concombres, les courgettes et les melons.
Cela fait plusieurs semaines que les infâmes pucerons leur ont déclaré la guerre. Ils piquent les fleurs, ce qui abîme les fruits à venir et ils font se rabougrir les feuilles, qui servent normalement de panneaux solaires aux plantes, ce qui les prive d’énergie et freine leur croissance.
En bio, on mise beaucoup sur la pré-ven-tion. Pour les pucerons, il s’agit notamment d’avoir des fleurs un peu partout et surtout de chaque côté des serres pour faire venir l’antidote : les autres insectes qui eux vont attaquer les pucerons et réguler leur nombre.
Ce plan machiavélique n’a pas fonctionné, les pucerons sont bel et bien là et en très grand nombre. La brigade des auxiliaires par contre est en retard.
Comme il en va de la survie de nos plants, il a deux solutions que l’on utilise en alternance : le savon noir bien connu des jardiniers et la maltodextrine (en gros du sucre liquide).
Ça marche moyennement, ce qui explique que notre production de concombres et de courgettes ne soit pas aussi florissante qu’elle devrait l’être en cette saison.
Autre gros problème : les asperges. Et là, si vous avez suivi les épisodes précédents vous savez que pour avoir des asperges sur notre étal, c’est un long parcours digne d’un futur maître Jedi.
Cette année devait être l’aboutissement de 3 ans de travail et la récolte a été belle. Mais, « comme par hasard », les problèmes sont arrivés il y a quelques semaines sous le nom de criocère.
C’est un insecte qui s’installe dans les asperges, pond des œufs qui donnent des larves qui se nourrissent des feuilles de nos asperges.
Résultat : certains plants se retrouvent dévorés par ces chenilles.
Il existe bien une solution mais c’est une substance que nous nous refusons à employer bien qu’elle soit tout à fait autorisée en bio.
Il s’agit du Spinosad, dont nous vous avions parlé à la suite du reportage de « Cash investigation » diffusé en 2023 et sobrement intitulé « alerte sur le bio ».
Le Spinosad est très efficace pour un certain nombre d’insectes dits « ravageurs » mais cette substance est toxique également pour d’autres insectes et probablement pour les abeilles, c’est pourquoi nous ne voulons pas l’employer.
Les conséquences de ce choix ne sont parfois pas anodines pour nous. Ainsi, nous avons déjà perdu la moitié de notre récolte de navets de printemps à cause d’une attaque de la mouche du chou.
Pour les asperges, nouveau dilemme, comment gérer la menace du criocère en utilisant des solutions qui soient pas conformes à notre propre cahier des charges ?
Comme souvent chez nous, avec nos petites mains. En l’occurrence celles de Keda qui est en stage chez nous pour quelques semaines et qui, avec persévérance et rigueur, a passé plusieurs heures à arpenter notre plantation d’asperges pour écraser toutes les larves de criocère qui avaient le malheur de croiser son regard.
C’était long mais c’était la seule solution qui s’offrait à nous pour essayer de sauver un maximum de plants d’asperges sans nuire à tous les pollinisateurs qui adorent venir se butiner les asperges.